Nothing ( poème retrouvant )

Nothing

Dis donc,  je t'ai perdu de vue bien trop longtemps

Nous nous étions quittés sur le tarmac- beau temps

Se profilait à l'horizon ton long voyage

Puis les ailes d'argent éloignèrent nos âges

Je te revois vieilli, tuméfié, tant d'années !

Tu ne racontes rien,  je te sais trépané

L'œil perdu dans le vide abyssal de ta vie

J'ai quitté un colosse sans aucun soucis

Ton silence succède aux  anciens bavardages

Clowneries, pitreries dont nous faisions partage

Emmuré dans tes songes, mon disque rayé

Qui a déjà trente ans te parait boursouflé

Qu'as tu fais de tout ça et ton magnétophone ?

De ta voix de stentor je te retrouve atone

Ton pays de cocagne allumait ses lampions

Un job de skipper caracolant en champion

Toutes voiles dehors dans les chaudes lagunes

Tu flambais nos hivers, nous grimpions sur la lune

Je te revois hâlé sans même y être allé

Puis tu es revenu mais tu es dépassé

Alors, je fais le pitre et je te parle, moi

Un pantin me regarde et moi le fou du roi

Scrute sur ton visage un signe d'autrefois

Mais chauve est ton discours c'est indigne de toi

J'aurais voulu capter l'air du microsillon

Mais tu as dérapé, ne laissant aucun son

Muet par cette humeur de l'ombre cognitive

Nous laissant inconnus, qui a séchée nos rives

Je mets le dernier mot, je m'adresse au soignant

Je voudrais tellement qu'il rallume la mèche

Juste une étincelle une parcelle d'antan

Réécouter ta bribe en sortant de ta dèche

Retrouvailles désertes

Mille fois entrouvertes

Paroles en pure perte

Des vers n'y changeront rien mais veulent graver

Notre univers perdu que ton mal a caché.