30 Août 2021
Paysages zébrés, il faut avoir du nez,
la vigne en paix s'étend sur le clocher repu,
allonge son feuillage en amont du marbré
des tuiles qui brillent, dans le soleil trop têtu.
Cultures ordonnées et puis s'ajoute l'abscisse
du vieux château qui assombrit la vaste cave.
Olfaction et puis transmutation, le grain lisse
vire sa cuti loin de la vigne s'en lave
les fanes; l'ouate enroulé de la brume arrose
les sols et les bois des cépages sont en nage,
s’endormiront bientôt leurs offrandes sont closes.
Cette pulpe engrossée par les enzymes en rage !
Le tourbillon qui naît disparu dans le fût,
la pipette à la main, les arômes livrés
à la lutte sans merci, versée in situ
dans un pot de rouge, raisins subodorés.
Le terroir est miroir de la fabrication,
le fleuve tranquille bouillonne aussi, parfois.
Les haies enchevêtrées se baignent de limon,
et en Helvétie la plante défie la loi !
Plane dans les sommets, les oreilles au vent, lent,
cet abrupte vignoble amorce un vin de choix.
Sa récolte le transforme en un Léviathan.
A la vesprée, les verres tintent sous les toits !
Il est temps de changer d'horizon et le Rhône
qui trace une ligne, dans sa vallée antique
est tant acclamé par les pancartes qui trônent
pour annoncer les crus et s'ajoutent les cliques
des négociants aux noms, qui sonnent au clairon
de Valence ! qui manigance, lys vitis :
la pureté d'une robe au si grand renom,
sarments vivants dodelinent au vent supplice...
Au Chili, le souffle Pacifique, tranquille,
irrigue de douceur et les bois et les nœuds,
pousse les ceps à croître comme les jonquilles,
Sans douleur, recouverts de fraîcheur, si heureux !
Les grappes sur le sol, poudrées de lave ancienne,
au pied du pic Teide, dans son ombre, allumées,
Tout la haut le magma; elles ont belle dégaine,
sous la pinède abrupte aux rochers noirs collée !
Partout et nulle part, pousse tant et si bien,
qu'on la voit rengorgée, dans tous les coins du monde
depuis toujours chantée, la feuille créé du lien,
il faut le rappeler, éloigne de la tombe !