Les clébardiens . ( nouvelle tragi comique )

 L'éco quartier est achevé depuis environ 5 ans et on ne peut pas dire qu'il est mal conçu. On a affaire à un bel espace vert de détente qui se déploie sur une large bande longeant un petit cours d'eau . le croassement des grenouilles se fait entendre au printemps ; on y aperçoit beaucoup d'espèces variées d'oiseaux et de petits reptiles .Cette profusion de nature  profite avant tout à une joyeuse bande d'habitants que la passion des chiens a rassemblé en grossissant en nombre au fil des jours , à tel point qu'il a fallu s'organiser. Un groupe Face book fut donc crée pour rameuter ces amoureux des balades canines et c'est l'incontournable Gérard qui s'y est collé . Pourquoi a t'il été désigné d'office et sans concurrence par ses amis ? Tout simplement parce qu'il faisait l'unanimité pour son coté convivial , sympathique et ouvert . Gérard , la cinquantaine hélas handicapée par un mauvais accident de travail . Gérard , ancien artisan couvreur , petit patron prompte à négocier ses affaires à la petite semaine , en off comme on dit . Gérard , accompagné depuis toujours de Patricia sa concubine , pas d 'enfants et peu de famille proche mais des chiens . Un passionné .

Comme le Coupeau de Zola , il est tombé d'un toit bêtement alors qu'il achevait en urgence une petite réparation , au noir ,  chez un client . Comme son aïeul célèbre , il n'avait rien sécurisé du tout. Sa tendance généreuse à rendre service aux copains d'abord , au détriment de cette nécessitée sociale  collective , de déclarer son activité,  lui est revenu tel un boomerang le jour de sa chute. Elle se transforma en descente aux enfer , se soldant par la disparition de sa petite entreprise puis de  son inscription définitive aux différents dispositifs d 'aides sociales. Sort cruel de ce libertaire proclamé que de dépendre des aides publiques , lui qui se flattait de se gérer seul et qui critiquait vertement ceux qui les utilisaient . Gérard réagit cependant avec courage à sa nouvelle situation qui le condamna à ne plus pouvoir ni marcher ni travailler . Il se retrouva en fauteuil roulant ; ce fut difficile de supporter cette continuelle position assise , lui , l'homme des cieux qui aimait tant siffler sur les toitures en réparation . Il referma la porte sur un certain passé et se consacra à l'une de ses autres passions , les chiens :

" Patricia , je sais que l'on est en appart et que l'on a seulement 55 m2. Je sais aussi que mon état ne te facilite pas la tache , que tu dois continuer à bosser à la boulangerie Faber tous les matins , que tu es naze souvent l'après midi et que tu veux ensuite du calme ici .

- Ben oui c'est normal . Quand tu es restée 5 heures debout à servir les clients , j'avoue que j' apprécie de me poser sur le canap et de me faire une sieste devant " N'oublions pas les paroles ".

- Pas de soucis ma p'tite fée ( son surnom )  mais tu comprends aussi que moi je tourne un peu en rond . Pas trop évident de faire des zig zag avec ce foutu fauteuil , la batterie se décharge vite . Bref , j'en ai un peu marre de fantasmer sur internet sur les sites de chiens , tu sais que j'ai envie d'en adopter un . En plus , avec  ma carte d' handicap , j'ai droit à des réductions pour en acheter . voilà . 

- Ecoute Gérard , pourquoi pas . Mais il faut que tu me promettes de bien t'en occuper . Il va falloir les sortir régulièrement et plusieurs fois par jour. Tu le sais .

- Pas de problème pour moi , je n'ai pas grand chose d'autre à faire , ça m'occupera . Et puis , tu as vu , en bas , je ne serai pas seul , j'ai vu qu'il y avait une masse de gens qui sortaient leurs toutous , à tel point que c'est un peu ça qui m'en a donné l'envie . J'ai choppé le virus à les regarder par la fenêtre"

Les deux animaux furent accueillis comme des rois , deux gros labradors, Tim et Time , avec un E , allez savoir pourquoi il avait retenu cette seule différence de E . Il aimait la boutade , sans doute s' était il dit que ça ferait une bonne entrée en conversation avec ses futurs voisins de promenade . Gérard s'emballait à tel point qu'il envisageait déjà la suite . Il voulait accueillir bientôt aussi un lévrier greyhound , qu'il préférait en connaisseur,  au whippet pour ses qualité célébrées de vitesse . Avait il prévu d'organiser des courses en bas de son immeuble ? Il restait assez joueur pour ne pas se l' interdire , lui qui se consumait souvent dans son autre passion , le jeu . Gérard avait la corde plus que sensible pour les  jeux d 'argent . Il fréquentait depuis longtemps les champs de courses mais gérait cet autre plaisir en bon père de famille . Il aimait parier , ressentait une pointe d'excitation  tellement forte à l'incertitude du gain qu'il voulait en pimenter sa vie . Cet alcool fort de remplacement l'accompagnait depuis longtemps  mais de manière assez raisonnable en vérité , pas au point de déséquilibrer son existence .

" Quand je serai euro millionnaire , je t'offrirai un voyage en Guadeloupe , on y restera autant de temps possible ; ce sera no limitas !"

 - j'espère bien mais fais gaffe de ne pas tout cramer dans les jeux en ligne . Je t'ai vu l'autre soir, tu as ouvert un compte sur un site de poker , j'ai oublié le nom .

- Tu te trompes,  Patricia je ne sais pas jouer à ce jeu .

- Tu es bien inscrit sur la FDJ et sur le PMU .Fr ? alors contente toi en .

- Oui , c'est ce que je fais et tu sais bien que je ne mise pas plus que de raison . j'étudie avant de miser et pour cette année je n'ai que des gains en positif . Pas de quoi t'offrir la Guadeloupe mais ça viendra . En attendant je t'offre la Creuse cet été ."

Il consacrait beaucoup de temps à ces deux Labradors et restait bon époux . Il ne savait d'ailleurs pas exactement dans quel ordre était sa priorité entre les trois .

On le voyait ainsi sortir de son appartement pour déboucher dans le parc juste en face . Il roulait décontracté accroché à ses deux toutous , chacun étaient enlacés autour de ses poignets robustes d'ancien travailleur manuel . Une fois arrivé à sa place habituelle , il bloquait les roues , détachait ses chiens et leur lançait ce qu'il appelait son vent de liberté : 

" allez c'est votre heure , rompez les rangs , éclatez vous "

Les deux bestioles respiraient d'un air ravi la bonne herbe en frottant les museaux sur le sol rempli de pâquerettes printanières . Ils s'ébrouaient et virevoltaient dans l'espace offert. On sentait leur énergie muselée par les longues heures d'appartement rugir du besoin de se dépenser .

"- Salut Gégé, on fait la course ? demanda un ami et voisin qui aimait bien taquiner notre héros . Il connaissait ses goûts pour les paris et les courses de chevaux pour en avoir beaucoup discuté avec lui depuis qu'il se faisait une joie , tous les soirs , de le rejoindre . Il possédait trois bergers australiens de race indiscutables , expliqua t'il avec technicité , car brevetés par la fédération cytologique .

- Tes bergers sont peut être des puristes mais je pense qu'un certif ça ne vaut pas grand chose , à part de faire monter le prix du chien "

lui répondit un soir Gérard , sans doute agacé par l'insistance de ce voisin à vouloir focaliser sur ce caractère au détriment du reste .

" Un chien , tu l'aimes d'abord sans savoir s'il est pur , son pedigree pour moi , c'est d'abord sa gentillesse et la façon dont il m'obéit .

- Un peu aussi , n'est ce pas l'ami , de la façon dont il court vite ! La race , tu t'en fiche un peu je sais , ce qui t'intéresse c'est sa faculté à trotter vite de préférence .

Gérard ne répondit rien . Il salua un groupe qui arrivait , au moins une dizaine de personnes , hommes et femmes . Il ne venaient pas seuls mais faisaient justement partie du groupe Face book crée par notre passionné . Ce clan fonctionnait tellement bien qu'il avait réussi en peu de temps à rameuter une solide meute qui s'entendait  joyeusement , pendant que les maîtres papotaient de la meilleure façon de soigner leur progéniture à poil et aussi de l'actualité plus générale .

Peu de conflits apparaissaient entre les membres. Les tensions restaient très exceptionnelles entre les maîtres et leurs esclaves poilus . La seule crispation de ces moments d'épanchement de plaisirs  venait de l'extérieur . Un peu trop régulièrement et de façon crispante s'invitaient des pétarades de motos ou de Quads conduites avec fureur par des jeunes venus du quartier voisin. A plusieurs reprises , Gérard avait essayé , d'abord avec diplomatie puis de plus en plus brutalement en les gonflant d'insultes à mesure qu'il constatait l' inefficacité de sa tactique , de leur expliquer la bêtise de leur comportement . Il finit par abandonner .

" Inutile de les convaincre cette bande de branleur , je perds mon temps . Mais que fait donc la Police bordel ? "

Il conservait du coup un fort ressentiment à leur égard et son sentiment était largement partagé.

Solène  arborait  son magnifique cocker tout roux . En silence et avec respect , elle était assidue à venir écouter notre Gérard  . Elle le trouvait charismatique .Son contact lui apportait une joie évidente qui se lisait dans la manière dont elle buvait ses paroles , sans jamais l' interrompre .

Au fil des mois , Gérard était en quelque sorte devenu l'empereur des lieux . Alternant le plaisir de la confidence et des discussions sans but précis , plus personne ne voulait manquer son rendez vous bi quotidien , à tel point qu'il y avait maintenant la queue pour accéder au champ de verdure. Il fallait attendre son tour pour pouvoir approcher le grand homme , pourtant affaissé sur son siège à moteur. Le contraste était saisissant entre l'impression physique qu'il donnait au premier abord et la puissance irradiante qu'il dégageait dés qu'il commençait à parler . Un gourou était né et ce maître spirituel savait immédiatement séduire . Il avait le don de rendre passionnant la plus banale des conversations.

Un jour de grand soleil , alors qu'il s'était abrité sous un tilleul pour capter la fraîcheur, il dit à sa femme :

"Je vais proposer d'organiser des courses de chiens . Il y aura plusieurs catégories selon les tailles , les âges, la rapidité . Les trois jeunes et les deux couples vont se charger de baliser une sorte de piste . Pas compliqué à faire , tu plantes des piquets et tu y accroches une corde pour tracer les lignes . J'en verrai bien trois . Pour faire l'arrivée , ils traceront une ligne au sol et ça fera l'affaire .

- Tu n'as pas peur que les riverains t'interdisent le truc ? Que la police municipale nous tombe dessus ? Les kermesses sans autorisation sont interdites et je suis pas certaine que l'ambiance fête foraine séduise tout le monde?

-Non mais  on fera ça sous le manteau  à la tombée du jour , entre chiens et loups , ni vu ni connu . Pense y un peu ma p'tite fée, je mets en place une mise pour chaque course , les participants doivent payer pour s'y inscrire , on lance des paris sur notre page FB ..

- Plutôt entre chiens et nous , tu voulais dire ? Dans tous les cas , faut rester discret , pas plus de vingt chiens à la fois , ça fait un peu plus de 5 par courses . "

Elle semblait donc y prendre gout et se projetait directement dans l'organisation .

" Ecoute , quand je vois les jeunes qui font ce qu'ils veulent en moto sans réaction des autorités , je me dis qu'on aurait tort de se gêner ! je lance l' idée sur FB en remontant , si ça mord à l' hameçon , on commence dés demain ."

Dés son fauteuil posé dans le vestibule et son installation faite dans le canapé cuir dont il était si fier , Gérard envoya les invitations sur sa page , pour le lendemain à 17h précises , avec l'intitulé suivant :

" On en a assez de parler de nos animaux et de les dorloter , vous ne pensez pas les amis ? . Ils ont besoin de se dépenser nos chéris , de travailler leur cardio . Je vous propose donc de nous retrouver comme d'habitude en nombre , mais plus de parlotte ; on joue la gagne entre nous . ça vous tente ? J'organise trois courses de 5/6 chiens selon les niveaux . A vous de les évaluer selon leur rapidité et de les inscrire à une des trois . Vous me dites ici en retour , immédiatement , ce que vous voulez miser . Je ferai la cagnotte et la distribution des prix pour le premier de chaque course selon vos propositions ."

A 21h tapante , après un rapide dîner arrosé de "son amour des Corbières ", comme il disait , notre ami était rasséréné. Pas simplement à cause de son vin favori .Il eut le plaisir de voir se vérifier ce qu'il avait prédit avec Patricia . Son désir de jeu était partagé à la ronde ! Elle était elle même surexcitée de voir tant d'argent proposé en si peu de temps par le groupe : 1500 euros. Oui,  elle avait bien compté .Elle paraissait étonnée par la facilité avec laquelle les inscrits avaient dégainé dans ce milieu de classe populaire , sans bas de laine démesuré . Pour une première salve , 1500 euros pour 15 animaux , ça sentait le pactole pour la suite . Dés l'entame du projet , on se retrouvait avec une somme motivante . Cette course inaugurale pouvait préfigurer des lendemains qui chanteront , se dirent ils . il suffira d'en organiser juste une similaire ensuite par semaine . Ils dormirent mal cette nuit là et on savait pourquoi . Des calculs de probabilités hallucinaient sur les rideaux bleus de leur chambre puis  retombaient en paillettes d'or sur leurs songes nocturnes .   

Il ne restait plus à Gérard qu'à finaliser l'espace utile  pour la compétition . Lors de sa sortie matinale , il revisita intérieurement le matériel nécessaire pour la soirée. Il se réduirait à quelques piquets pour tracer les lignes , un peu de peinture blanche pour fixer l'arrivée et le départ . Ne pas oublier  d'amener des chaises et une table pliante pour les inscriptions , et le tour sera joué . En remontant chez lui , il envoya un dernier message FB pour rappeler l' heure , le prix minimum à miser pour inscrire chaque animal ainsi qu'un dernier appel à l'aide pour la logistique envisagée . Son état l'empêchait d'emporter avec lui les indispensables sièges nécessaires au spectacle . Il comptait ainsi sur la générosité ambiante pour que son organisation soit parfaite . Il ne doutait pas un instant que des spectateurs non participants aux courses viendraient se greffer à l'animation et séduits par l' ambiance, ajouteraient leur obole au spectacle.

Il avait précisé enfin qu'il se considérait organisateur de l’événement pour décréter solennellement son droit légitime de se rémunérer pour le temps passé en gardant pour lui 10 % de la mise totale . Personne n'ayant jugé opportun de répondre à ses différentes indications , il considéra la question tranchée et acceptée par tous les futurs participants . Dans son esprit , il s'agissait carrément d'un blanc seing et d'une tacite reconduction pour les futures épreuves qu'il avait hâte de préparer .

Le banc d'essai lui permettrait de vérifier le bien fondé de l'épreuve . Il envisageait déjà de passer sans tarder à la vitesse supérieure. 

Par chance , le temps était en plus au rendez vous et Gérard descendit dés 16h pour la préparation de la compétition . Ciel pur et aucun vent . De quoi booster les concurrents , pour le moment sans doute ignares de leurs futures performances , davantage occupés à flairer les pieds des passants . Leurs maîtres étaient au rendez vous et en avance . Le matériel , chaises et tables , installées par le groupe de façon à créer une sorte de petite tribune le long de la piste . Sans oublier évidemment la buvette ! Des curieux s'étaient avancés timidement pour se renseigner sur la nature du meeting , bien accueillis par notre Gérard , comme toujours efficace pour trouver le bon mot qui met à l'aise .

Il avait amené un mégaphone pour chauffer la salle :

" Allez bonnes gens , c'est le moment d'espérer . Venez nous rejoindre pour assister aux courses comme vous n'en verrez pas tous les jours .Vous pouvez contribuer et même gagner plus que votre argent de départ . On gagne à tous les coups ou presque  ..."

"- Un vrai camelot ! Quel bonimenteur de cirque il nous fait , mais regardez , ça marche . On a des gens qui applaudissent de la fenêtre . Les voitures sont en train de stopper pour nous suivre. "

Comme tout était prêt pour lancer la première chevauchée , celle des petits les moins rapides , on ouvrit les enjeux . Installé derrière la table , Gérard délivrait un coupon blanc avec la mise du parieur inscrite sur le recto ; le verso comprenait l'identité du joueur . Pour faire davantage officiel , notre promoteur avait ajouté un coup de tampon trouvé dans un tiroir de son buffet de cuisine qu'il avait autrefois chapardé lors d'une kermesse associative .

" Les jeux sont faits , annonça t'il avec emphase , les paris sont terminés , la course va commencer ."

Se tournant vers sa compagne , il lui glissa discrètement que la barre des 2000 euros avait déjà été dépassé , que l'on explosait la baraque ...

Patricia était chargée de faire le starter. Comme l'authentique , elle disposait d'un pistolet chargé. Il était équipé de plusieurs balles , réelles par contre . Un peu inquiète à l'idée de l'utiliser sans précaution dans ce genre d'activité , elle s'en été confié à Gérard qui lui avait répondu :

" Ecoute Patricia , tu sais bien , tu étais là ,  Ramzi n'avait que ça ; tu n'as qu'a bien mettre le flingue au dessus de ta tête et appuyer en hauteur , ça ne craint rien . Allez , au boulot, on a trois épreuves à faire et il est déjà 17h30 "    

 Il y avait plus de 50 spectateurs , participants , badauds et automobilistes  à l'arrêt.

 La première course vit triompher sans discussion possible le teckel à poil ras de Philippe et Maud. Il n'y eut aucun suspens , ce qui fit un peu retomber l'ambiance .Les concurrents s'étant élancés hors de la piste au bout de quelques mètres , peu habitués à devoir courir en ligne et sur commande .Seuls deux participants la dépassèrent , avec 5 mètres de retard pour le second,  le magnifique caniche blanc de Nathalie . La somme octroyée aux gagnants ne prêta pas à contestation . Gérard fourra son gain de 340 euros dans la veste de sa doudoune trop large  puis donna le signal pour lancer la seconde course .

Aussitôt fait les purs sang  partirent à l'assaut de leur victoire sans hésiter . Leurs maîtres et parieurs convaincus ne leur avaient de toute façon pas donné le choix : " ou tu cours ou tu ne manges pas "

A cet instant , les jeunes motards débouchèrent en trombe et avec fracas . Vous le savez , Gérard s'était lassé de leur comportement au point de ne plus maîtriser ses nerfs.

Excédé , il s'avança vers eux en roulant , rouge de rage et leur lança :

" Bande de petits cons , c'est interdit , foutez moi le camp , laissez les gens tranquille , ça suffit "

L'un d'eux posa un pied au sol et un doigt en l'air d'un air provocateur:

 "- On t'emmerde et puis t'as rien à dire à faire la morale , ce que tu fais c'est pas autorisé non plus , vas te faire foutre "

Hors de lui le  Gégé rempila vers la table pour apostropher sa femme :

" Donne moi le flingue .

- Oh Gérard tu deviens fou ou quoi ?

- Donne, je vais juste leur montrer qui je suis , ne t'inquiète pas , ils vont s'en souvenir "

- Laisse la sûreté , un coup,  ça part facile "

Il prit l'arme qu'il chargea sans réfléchir , sur le coup de l'énervement . Personne ne broncha . Il revint vers les jeunes casqués en les menaçant sans cran de sûreté :

" Comme ça vous allez vous tirer et vite , qu'on ne vous revoit plus jamais ici . Barrez vous , bande de connards, allez vendre votre came , bande de racaille "

L'un des motards descendit sans réfléchir de son engin et avança vers lui en le menaçant d'un couteau . Son comparse sortit une batte de base Ball ."

Un bruit sec retenti et l'un des deux mis la main sur le  ventre , regarda sa main sanglante et s'écroula dans le fossé qui délimitait l'entrée du parc . Il entraîna sa moto qui suivit le même mouvement pour  finir sur lui .

Le reste se passera au commissariat , en cours d'assise , mais c'est une autre histoire .

Gérard purge sa peine qu'il trouve injuste .Il a juré qu'on ne l'y reprendrait plus à la jouer sheriff . Il aurait mieux fait , dira t'il à ses compagnons de cellule , d'organiser en plus des courses de motos au lieu d'abattre ainsi ce gamin! Il aurait ainsi pu obtenir un bien meilleur pactole que cette prison grise et humide .

Du coup, la Guadeloupe attendra !